La fin du voyage

Voilà, on y est...

Après trois ans passés la tête dans les roulottes, trois ans d'engagement quotidien dans un projet un peu fou, nous voici à la fin de notre aventure. 

Trois années d'Aventure.
Plus de deux ans de construction de notre maison roulante.

Presque un an de préparation avec Charlie et Tic-Tac.

Et puis 5 mois de voyage, 7 départements traversés, 900 kms parcourus.

Aujourd'hui, on pense à vous, vous qui nous avez soutenus et vous qui n'avez pas cru en nous; vous qui nous avez encouragés et vous qui avez douté de nous; on pense aux avertissements et aux encouragements, aux sourires et aux doutes, à l'ombre et à la lumière... Chacun de vous, vous nous avez fait progresser, chaque situation compliquée dans laquelle nous nous sommes trouvés a été enrichissante et nous a rendus plus forts encore.

Nous avons réussi cette traversée est/ouest de la France sans encombres, nos juments prenaient la route chaque matin les oreilles au vent et le regard vif, heureuses, tout comme nous qui avons goûté à la liberté au plus profond de nos corps et nos cœurs.

Nous sommes fiers de nous, fiers de Charlie et Tic-Tac qui jamais une fois n'ont perdu le moral et nous ont toujours fait confiance, fiers de nos filles extraordinaires qui se sont adaptées à toutes les situations et se sont littéralement fondues dans ce mode de vie nomade.

Nous qui pensions au départ faire des arrêts définis, organisés, prévus... nous n'avons rien fait de ce que nous avions imaginé ! Nos arrêts et rencontres étaient toujours spontanés, improvisés, notre trajet défini quasiment au jour le jour, ne laissant pas du tout la place à une quelconque gestion en amont. Et tant mieux, en réalité le voyage n'en n'a été que plus beau ! 

Car ce que nous étions venus chercher, nous l'avons trouvé. Nous avons rencontré des personnes merveilleuses, généreuses, nous avons énormément échangé avec les gens sur le bord de la route ou sur les places des villages, recréant ce lien social perdu que nous aspirions à retrouver. Nous avons vu nos filles se transformer, s'ouvrir au monde, à la beauté des choses et de l'humain, développer avec les juments une complicité sans pareil.

Merci à vous tous, nos lucioles, nos bonnes étoiles, grâce à qui rien de tout cela n'aurait été possible. Merci à la famille, aux amis, à tous ceux qu'on a croisés sur la route et qui nous ont souri, applaudis ou qui sont venus à notre rencontre pour parler. Merci aux personnes qui nous ont aidés, avant ou pendant la réalisation de notre projet. Cette aventure a changé notre vie, nous ne verrons plus jamais les choses comme avant, nous sommes si différents !

Aujourd'hui c'est l'heure pour nous de nous poser, pour un temps du moins, qui sait ce que l'avenir nous réserve? Peut-être reprendrons-nous la route, ou au contraire peut-être trouverons-nous un petit coin de paradis où s'installer avec les juments... Nous n'en savons rien pour l'instant, gardant en nous l'ouverture et le lâcher-prise appris avec le voyage.

Nos derniers tours de roues...

💙

L'Existence

La Vie est simple, 

la nature est bien faite. 

Joue si tu veux t’amuser, 

mange quand tu as faim, 

bois quand tu as soif, 

la source n’est jamais loin. 

Marche si tu veux découvrir du pays, 

tant de royaumes existent, insoupçonnés… 

tant de sous-bois, de clairières, 

de golfes, de cavernes, 

de criques miraculeuses, d’écrins… 

Fiance-toi aux sentiers. 

Repose-toi quand la fatigue t’accable, 

sieste, somnole, rêve… 

dors si tu as sommeil, 

le Temps est élastique, 

il te rendra tout ce que tu lui as cédé. 

Meurs s’il le faut, 

nous mourons tous au moins une fois… 

plus l’on meurt, plus l’on vit. 

Meurs à tes idées, à ton passé, à tes douleurs, 

à celui que tu fus… 

Meurs jusqu’au bout de toi. 

Et renais, renais comme une étoile 

sous un ciel d’envergure, 

dans une autre posture, 

sur une cime nouvelle 

où prendre ton envol. 

Mouille tes yeux… 

ferme tes yeux… 

ouvre tes yeux… 

jouis d’être, 

à l’intérieur, 

à l’extérieur de toi… 

Et bois, 

bois aux eaux de toutes les nations, 

abreuve-toi aux sources, 

pis de la Terre… 

Envole -toi, 

voyage, plane, imagine… 

atterris avec envie sur ce grand sein d’humus 

que vallonnent les rivières, 

que parsèment les champs, 

Terre, Immortelle… 

Embrasse les sentiers, 

flâne, 

cueille des herbes au hasard, 

des fleurs, des feuilles tombées… 

ramasse quelques branches esseulées, 

pierres abandonnées, offertes, nues. 

Et reste un temps sous les ramages du monde, 

allonge-toi encore, 

débusque le repos où il se cache, 

dans chaque niche, chaque abri, 

chaque antre ou interstice de la Mère-nature. 

Puis lève-toi et marche, 

retrouve le sentier, 

celui que tu avais laissé 

dans une autre existence, 

dans un vieux rêve, 

dans un autre poème… 

Chaque promenade est un rite, 

chaque poème est sacré. 

Jouis si tu as besoin de jouir, 

joue si tu veux t’amuser, 

bois quand tu ressens la soif, 

mange quand la faim t’ébranle … 

Et souris chaque jour, 

ris du plaisir de rire, de vivre, 

de bouger d’un lieu l’autre, 

d’arpenter l’existence…

Et aime, 

aime, 

aime… 

aime, 

aime, 

aime 

poème de Simon Ferandou, août 2017

Caussade

Parc de la Lère

Nous avons passé quelques jours au joli parc de la Lère, où nous avons eu la grande joie de partager un repas avec Carl, Anaëlle, Valentin et Marion sur leur voyage de retour vers Coursegoules ! Beaucoup d'émotion et de plaisir de se retrouver tous, petits et grands, c'était génial. Pareil pour Joëlle et famille :)

Avec la venue de Grand-Maman pour une dizaine de jours, nous cherchions un endroit où nous poser pour pouvoir profiter de sa voiture et sillonner le coin. Nous pensions trouver une halte dans le sud du Lot mais c'est finalement à Caussade, à quelques kilomètres seulement du Lot, que nous avons trouvé notre bonheur grâce à Mélanie qui a accepté d'accueillir roulotte et chevaux sur son terrain. Mille merci à toi Mélanie ! 

Nous avons donc pu profiter sereinement de la visite de Claudia et Clara (trop chouette les amies, quel plaisir de vus avoir vues !) et de la présence de Grand-Maman, et également visiter un peu cette région que nous ne connaissons pas en vue de trouver quelque chose pour passer l'hiver ici.

Nora sur Ness

Au tour de Lili

Petit à petit, nous comprenons que nous sommes bel et bien sur la fin du voyage... L'automne arrivant doucement, il nous faut trouver un petit nid pour passer l'hiver au chaud, histoire d'accueillir comme il se doit le petit bonhomme qui viendra rejoindre notre famille en décembre !

Près des gorges de l'Aveyron

Il est certain que tout nous destinait à faire escale chez Ninon à Montricoux, les choses devaient en être ainsi et pas autrement ! 

Parce que chez elle c'est un peu la maison du bonheur, ouverte à qui a besoin, pour les gens de passage pour quelques jours ou un peu plus longtemps... Parce que chez elle il y a une roulotte, celle-là même qu'on avait vue sur un blog de voyageurs avant notre départ avec qui on avait un peu échangé (le monde est petit !); et aussi une belle jument de trait, Lulu... Parce que Ninon a aussi le projet de prendre la route comme nous d'ici un an... Parce que chez elle ça respire la musique, la joie de vivre, la coopération, la simplicité aussi... Parce qu'on a pu se poser pour profiter de la venue de la famille avec Patrick et Catherine, ce qui nous a fait tellement de bien ! Et puis enfin parce que chez elle est venu Henri, maréchal ferrant qui n'a pas hésité à nous dépanner malgré son planning chargé car Charlie avait déferré. 

Une pause riche en rencontres, en nouveautés (Charlie a dû monter dans le métier pour être ferrée !) et en émotions. Merci Ninon, merci Henri, quels personnages incroyables vous êtes tous les deux... T'écouter jouer du violon Ninon, ou bien t'entendre chanter Henri, c'est pour vivre des moments comme ça qu'on a fait ce voyage ! Des moments qui restent gravés en nous.

Avec tonton Patrick et tata Catherine

Merci à vous :)

Charlie dans le métier à ferrer

Après le Tarn c'est donc un autre fleuve, l'Aveyron, que nous découvrons avec les magnifiques villages perchés au-dessus de ses eaux comme Bruniquel ou Saint-Antonin-Nobleval. Un très beau coin de pays qui nous plaît beaucoup !

Entre beautés et galères

Pas de tout repos, la vie de roulottiers ! 

Depuis le départ de Carcassonne, de la Haute-Garonne au Tarn-et-Garonne, nous avons enchaîné les journées de galère. Chaleur extrême, fatigue, grande difficulté à trouver des arrêts pour le soir, obligés de rouler plus que prévu alors que le soleil arrive à son zénith et que la seule chose à laquelle on aspire, les juments et nous, c'est une halte bien ombragée... au lieu de cela, des kilomètres en plus de bitume et pas de coin pour s'arrêter !

Mais, de même qu'on a toujours dit aux juments qu'après chaque montée il y aurait une descente, de même après chaque galère, au bout du tunnel, il y a la lumière. Il y a un ange gardien, une personne qui nous attend et nous aide, une présence bienveillante.

Ainsi, après une étape mémorable jusqu'à Villemur-sur-Tarn sous un soleil de plomb, après avoir erré plus d'une heure et demi dans la ville, aux alentours, sans trouver un seul endroit où se poser, quand la mairie, la police municipale ou la gendarmerie étaient toutes fermées et qu'on ne croisait personne dans les rues tellement la chaleur était accablante, nous avons fini par voir arriver Michel, notre sauveur du jour ! Avec gentillesse il nous a proposé de le suivre jusqu'à son laboratoire de charcuterie dans un village un peu plus loin. Réveillés depuis 6h30, partis à 8h, nous sommes arrivés chez lui vers 17h sans avoir rien mangé de la journée, avec plus d'une trentaine de kilomètres dans les pattes pour Charlie et Tic-Tac... une vraie journée de galère, quoi ! Mais l'accueil de Michel, Jacquie et leurs amis nous a fait oublier tout ça... Merci à vous, nos sauveurs d'un jour, vous grâce à qui on reprend ensuite la route avec tellement plus de motivation et de foi dans l'humain !

Villemur-sur-Tarn

Posés chez Michel

Nous avons fait une halte de deux jours chez Michel, histoire que les juments se reposent (et nous aussi !) et profitent de l'herbe haute et des fruitiers à leur disposition, et pour éviter de rouler une nouvelle fois par 40°. Nous sommes ensuite repartis vers le nord, enjambant puis surplombant le Tarn en direction du département du Tarn-et-Garonne. Forts de notre expérience récente, nous avons misé sur des fermes plus que sur des villages pour nos arrêts quotidiens, faisant escale aux Vergers de Varennes puis au Verger de Céline à Montclar-de-Querçy.

Nous nous régalons des superbes paysages, des coteaux à franchir, des vaches qui regardent passer notre attelage avec méfiance et curiosité, de l'herbe encore verte ici pour le plus grand plaisir des juments qui nous épatent toujours autant par leur volonté, leur force de caractère et leur engagement à nos côtés.

Vergers de Varennes

Entre beautés et galères, quelle incroyable vie nous menons, accompagnés toujours de notre bonne étoile qui nous fait rencontrer des belles personnes et nous apprend à changer notre regard et nos pensées sur tout ce qui nous arrive de bon ou de moins bon... Grand travail intérieur.